Entre le cerf et moi, c’était pas prévu

Feu debois avec logo Gibier pour Tous devant

J’ai grandi au cœur des Deux-Sèvres, dans une campagne où la terre parle encore, où les saisons rythment les journées, et où les bottes sont souvent pleines de boue plutôt que de bruit. Mon père, agriculteur, élevait des bêtes et récoltait les fruits de la terre avec humilité et fierté. Chez nous, la viande, on la connaissait. Le goût du bœuf tendre, le veau mijoté pendant des heures, les volailles rôties du dimanche (devant Walker Texas Ranger)… La viande, c’était une histoire de famille, de terroir, de respect.

Mais le gibier ? Jamais.

Mon père n’était pas chasseur, même s’il a toujours été entouré d’amis pour qui la chasse était plus qu’un loisir : une tradition, un engagement, parfois même une mission. Il m’a transmis leur passion de loin, leurs récits, leurs valeurs. Le respect de l’animal, le lien à la nature, l’importance de ne rien gaspiller. Mais dans mon assiette, le gibier n’avait jamais trouvé sa place.

Peut-être à cause de mon palais d’enfant difficile, ou de l’image qu’on s’en fait parfois : une viande forte, difficile à apprivoiser, cuisinée dans des sauces d’un autre temps. Bref, pas pour moi. Pas tout de suite.

Puis la vie m’a menée chez Gibier pour Tous. Et il faut le dire : ça sonnait un peu faux, cette chargée relation client qui n’avait jamais goûté la moindre bouchée de gibier. J’avais un léger complexe… Alors l’équipe a décidé de remédier à cela. Rapidement.

Quelques jours après mon arrivée, nous nous sommes retrouvés dans une vieille maison, autour d’une grande tablée, près d’une cheminée crépitante. Une ambiance chaleureuse, simple, sans chichis. Dans l’assiette, un filet de cerf, juste saisi au feu de bois. Pas de sauce. Pas de camouflage. Juste la viande.

Et là… révélation.

Une tendreté incroyable. Un goût profond mais pas envahissant. Quelque chose de noble, de sauvage, mais aussi de doux. Ce moment a tout changé. Ce n’était pas seulement bon — c’était une rencontre. Une rencontre avec un produit, avec une histoire, avec une culture.

Depuis, je n’ai cessé d’en parler autour de moi. De dire que non, le gibier n’est pas réservé aux chasseurs ni aux cuisiniers étoilés. Que oui, c’est une viande saine, locale, engagée. Et qu’il suffit de lui laisser une chance.

C’est exactement ce que nous faisons, chaque jour, chez Gibier pour Tous : créer des rencontres comme celle que j’ai vécue. Des instants de surprise, de découverte, de plaisir sincère. Nous voulons que chacun puisse (re)découvrir le gibier, sans intimidation, sans préjugés, et surtout, sans pression. Juste avec curiosité, envie… et une bonne cheminée si possible.

Parce que nous savons que le gibier, ce n’est pas qu’une viande. C’est une histoire. Celle d’un lien retrouvé avec la nature, d’un respect de l’animal, d’un geste solidaire entre chasseurs et particuliers. C’est une viande saine, locale, responsable, mais c’est aussi – et peut-être surtout – une viande qui a le pouvoir de réunir.

Aujourd’hui, à travers cette plateforme, nous donnons à chacun l’occasion d’écrire sa propre première fois, comme moi autour de cette cheminée. À votre rythme, à votre façon, que vous soyez gourmet curieux, étudiant pressé ou parent en quête de mieux manger.